31 mai 2016

Poème de circonstance.



Il ne pleut pas sur Samoëns* pour ce coup-ci
Et dans notre Loiret mis en alerte rouge
Soumis à cette intempérie qui point ne bouge
On sent le chien mouillé on se fait du souci.

* voir des poèmes d'antan...

26 mai 2016

Après chute.




En sortant du dispensaire
Encore étourdi pensez
Changeant mon itinéraire

J'allai chez l'apothicaire
Faut savoir par où passer
Car il m'était nécessaire

D'acheter un vulnéraire
Mon mal reste à effacer
Chien de japper téméraire

Et corbeaux de croasser
Il faut finir cette affaire
Cette affaire est à classer.


.

23 mai 2016

Un chanteur est mort.



Il amusait les petits faons
Blottis près de leurs mères biches
Attendrissait les éléphants
Ces galants un rien les aguiche

Et puis enthousiasmait ses fans
De ses si seyants pantalons bouffants
Portés sur la scène et vus sur l'affiche
Un tel succès ébouriffant

En vérité c'était bluffant
Seule une vieille en s'esclaffant
S'éloignait avec son caniche
En lui disant viens on s'en fiche

Il faut tenir à jour vos fiches
Et ne pas les laisser en friche
Imaginons encor un fier cheval piaffant
Juste pour le plaisir d'une rime assez riche. 

22 mai 2016

Scierie corfiote.



Qui donc était assise ici
À la scierie près des cytises
Lorgnant d'en haut les syssities
Sinon Sissi

L'impératrice
Se prenant à rêver devant un grog-cassis
Quémandait réconfort à l'ombre tentatrice

L'impératrice avait un professeur de grec
Fort affligé de calvitie
Il lui donnait des cours pour gagner son bifteck
Il faut se disait-il qu'enfin je l'initie
Aux subtilités du duel
Aux complexités de l'aoriste
Lui faire aussi dresser la liste
Des procédés habituels
À déjouer des sophistes

Assez vite il lui fit
Apprécier Aristote
Il vivotait heureux et faisait sa pelote
Mais tout ce qui
Un jour naquit
Hélas un autre jour finit
C'est bien malheureux saprelotte. 

10 mai 2016

La muse a bu, elle est pompette.


Un satyre cornu dans ses deux mains tenait
Non sans circonspection avec délicatesse
Le saxophone d'or cadeau d'une déesse

Au dieu Pan tout le jour extatique il venait
En jouer mais le dieu lui dit d'aller répondre
Au téléphone ah mon dieu Pan j'aimerais mieux être une poule et pondre

Lui dit-il dans un vers
Composé de travers
Surtout un peu trop long à vrai dire il me semble

Rien n'est plus vrai un peu trop long
Il faudrait composer plus court allons allons

Mais cours donc te dis-je ou tremble
Insista le dieu
Qui se prélassait au pieu

Laisse le saxophone ô faune
Et va-t'en vite au téléphône
J'y vais seigneur dieu Pan dit le satyre impressionné
Le téléphone en bas n'en finissait pas de sonner

Or au bout du fil c'était la déesse
Notre cornu satyre en tomba sur les fesses
Je m'en viens m'enquérir lui dit-elle comment
Mon confrère apprécie les sons de l'instrument

Toute autre chose encor les saxifrages
Font rien que de faire éclater le béton
Quand je vois cela j'ai la rage
Dit Vénus cessez donc végétaux de mes deux tétons
De ruiner les murs non mais allô à quoi donc pense-t-on
Ça me casse le cul j'ai mal à mon divin derrière
Leurs racines viendraient à bout
D'un coeur de pierre

À la fin le satyre assis sur un tabou-
Ret passe en revue les notes
Do mi la sol fa si crénom d'un caribou
Quel entêtement ça dénote
Mais chut j'entends du thé l'eau sur le feu qui bout
Un peu de boisson chaude à tous coups ravigote
Sol la mi ré ut ut ut
Qu'aux lapins en rut
Dans leurs clapiers aillent les fanes et rebuts
De carottes.

.

02 mai 2016

Requiem pour un commerce.



Je te le dis ça fait pitié
Il n'y a plus de librairie
De bazar de poissonnerie
À présent c'est le charcutier
Qui du départ prend le sentier
Et ça dépeuple le quartier

Faut charcutier que tu t'en ailles
Du fait que les pieux musulmans
Inébranlablement
Catégoriquement
Se refusent à man-
Ger la moindre cochonaille
Ça ne me dit rien qui vaille
Et notre centre-ville est en délabrement.