31 janvier 2008

A Tirui, blogueur poitevin

(pour me faire pardonner d’avoir oublié le melon de Poitou-Charentes dans mon poème précédent)

Les baudets à l’allure délicate
Le beurre fin
Et Raf*farin
N'oublions pas surtout la Candidate
Pour rendre les éléphants fous
Les énoncés de maths en prose
Que Tirui mijote à feu doux
Il est tant de si bonnes choses
Qui nous proviennent du Poitou.


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28 janvier 2008

Éloge politique du melon.

(pour me moquer de Melchior, qui n’a que la concurrence libre et non faussée à la bouche et fatigue tout le monde)

Vive la cucurbitacée
Concurrentielle et non faussée
Juteuse comme pas permis
Pour se régaler entre amis
Et par-dessus le marché libre
Avec des pépins et sans fibres

Melon de Carpentras
Ou bien melon d’Espagne
Faut-il vraiment qu’on se castagne
Et badaboum et patatras.

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27 janvier 2008

Conjugaison punitive.

(La Loire prend sa source au Mont Gerbier-de-Jonc,
S‘en va jusqu‘à la mer en passant sous les ponts.

Conventional Wisdom)


Quand la Seine est efficace
Très bonne élève aux progrès
Soutenus et réguliers
Et tout et tout et j’en passe

La Loire ample glandouillasse
Saute avec délectation
À pieds joints dans la bouillasse

Et reçoit en punition
Par son instit pas commode
Conjuguez tous temps tous modes

Je prends ma source au Mont
Gerbier-de-Jonc

C’est la dure loi des cancres
Il faut tacher ses doigts d’encre

Elle aura pris que vous prissiez
Nous prîmes tu prends vous prenez
Que je prisse au lit vous prendrez
Je prains si je parle du nez

Je prends tu prendras vous prenâtes
Eh non et non ah nom de nom
Ah non prenâtes n’est pas bon
Pour vous le seriner vous faut-il un mainate

Je prends ma source et descends
En passant par Orléans
Blois et Tours Saumur et Nan-
Tes jusques à l’Océan
Où souvent
Le temps
Se gâte.


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25 janvier 2008

Question existentielle

(encore un posthume de Tante Aglaé, automne 2007)

Suis-je bien toujours moi ? Quand je m’entends miauler,
Quand je dors tout mon saoul et quand je bois mon lait,
Quand j’écris un sonnet, puis me gratte et ronronne,
Suis-je la même chatte, et quelqu’un, ou personne ?

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11 janvier 2008

L’avènement de Phlegmon Premier

Nicolas notre Raïs
S’affligeait d’un phlegmon sis
Au plus profond repli de son auguste gorge
Et qui le faisait tant tousser
Qu’il menaçait de l’étouffer
Et puis ça fait un mal de chien alors je
Ne saurais plus longtemps dit-il le supporter

L’on dut se résoudre
À l’en opérer
Le chirurgien fort pressé
De trancher et de recoudre
Désireux de travailler plus
Pour gagner plus s’écrie Allons que je l’allège
De ses organes superflus
Son cœur et son cerveau que sais-je

Il faut l’en soulager les jeter en un sac
Anesthésiste à ta besogne
Mets lui ton masque sur la trogne
N’attendons pas les carlabruniers d’Offenbach

Sur ce qu’il en advint j’éclaire vos lanternes
Il a tout tailladé jeté rate et poumons
Intestin foie rognons
Et les morceaux mignons
On eût dit Héraklès tranchant l’Hydre de Lerne
Son zèle n’épargna que l’horrible phlegmon

C’est ce même phlegmon qui dès lors nous gouverne.




Supplique à la Princesse:

J’ai cru bien faire,
Madame,
et aller au-devant des vœux de Votre Altesse, en narrant sur le mode épique cet épisode non-petit, quoique resté longtemps secret, de la vie du Grand Prince qui nous est cher (fort cher, surtout aux petites gens) et qui fait le bonheur de la France. J’ose espérer que Votre Altesse m’en saura gré, et poussera la bienveillance jusqu’à œuvrer pour mon élection à l’Académie (ainsi que pour me faire verser une petite pension).
J’ai l’honneur d’être,
Madame,
de Votre Alteffe, le très-humble, très-obéiffant et très-fidèle ferviteur et fujet.

Griffollet, chat de lettres.

03 janvier 2008

Écologie politique

(11 pieds; 4/7)

L’écorché vif enduit de pommade épaisse
Un baladeur vissé sur ses pavillons
Reste étendu sur un lit couvert de graisse
Dans son sommeil il entend des carillons

Tard dans la nuit on couvre de bandelettes
Ses mains ses bras ses membres postérieurs
Quand on lui dit qu’on ne fait pas d’omelette
Sans casser d’œufs ses yeux sont presque rieurs

Ne pas hurler c’est son principal mérite
On le distrait avec un air de pipeau
Voyant au ciel passer un météorite
Il fait un vœu se trouver bien dans sa peau

Il ne sait plus quelles griffes de harpies
Ont arraché par lambeaux le pauvre sac
Couvrant sa chair On a fait dans la charpie
Des pansements qu’on découpe et tchac et tchac

Ni quand d’effroi devant la noirceur du monde
Son corps a dû s’entortiller sur son cœur
À son chevet près de la perf et des sondes
Soudain sa mie laisse éclater sa rancœur

Lui tout ce temps pense à la mort des abeilles
Un autre jour il vous y faudra songer
Sur la Nature il faut bien que quelqu’un veille
Ne bougez pas restez tranquille allongé

Sur un trottoir jonché de peaux de bananes
Crottes de chien tas d’immondices divers
On a trouvé une assez ample membrane
De chiroptère apprêtée sur le revers

Qu’on nous la livre et la peau de pipistrelle
Est le vélin sur lequel nous écrirons
En vers choisis cette histoire triste et belle
Bête à pleurer La liront ceux qui vivront.