28 septembre 2008

Palimpseste (III): motus

(sonnet octos.)
… vivent toujours cachées, sous les autres légendes du palimpseste.

Baudelaire
Visions d’Oxford


Après huit cents ans l’on s’avise
Qu’un texte en-dessous est resté
Sans doute il présente intérêt
Il faut à la fin qu’on le lise

Avec la précaution requise
Car il est rempli de secrets
Importants pour l’humanité
Approchez que je vous les dise

- Ô vous poétard de mes fesses
Retournez vite à vos paresses
Ou nous vous mettrons dans les fers

Il n’est pas dit que l’on vous laisse
Ici dévoiler dans vos vers
Aucun secret de l’univers.

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27 septembre 2008

Palimpseste (II): cor

( Sonnet, décas.)

Le palimpseste de la mémoire est indestructible.
Baudelaire
Visions d’Oxford

Au sein du couvent un moine a besoin
Au bout de trois cents et quelques années
De se procurer une peau tannée
Il prend le vélin qu’il trouve en un coin

Pour y retranscrire en prenant grand soin
Un salmigondis de billevesées
Sans vergogne écrit sur la peau grattée
Galimatias bête à manger du foin

Fille du seigneur savante et bossue
Vient contempler le prétendu trésor
Hausse son épaule et s’en va déçue

Et puis nous allons célébrer encor
À passer le temps chacun s’évertue
Cinq cents Saint Hubert en sonnant du cor.

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26 septembre 2008

Palimpseste (I): peaux

(7/10)

Mon cerveau est un palimpseste et le vôtre aussi, lecteur.

Baudelaire
Visions d’Oxford


La bergère ses moutons
Avec des ciseaux le tondeur les tond

Et quand l’heure en est venue
Avec son couteau le boucher les tue

Oui les bêtes des troupeaux
Un valet s’en vient confisquer leurs peaux

Le manant qui les prépare
Les livre au marchand qui les accapare

Et puis séchage et tanin
Au bout d’un moment c’est du parchemin

Les peaux vont au monastère
Et pourront servir à travaux austères

S’avançant à pas menus
Vient depuis l’Afrique un vieillard chenu

Des secrets d’ancienne Egypte
Avant de trouver sa tombe en la crypte

Il décharge son esprit
Peinant et tremblant sur un manuscrit

Laissé sur une étagère
Plus de trois cents ans si je n’exagère.

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22 septembre 2008

La leçon de piano de Griffollette


à la demande de nombreux admirateurs, une photo de Griffollette, chatte mélomane et même un peu musicienne.

18 septembre 2008

Garde rapprochée

Un sapajou chevauche un bœuf revêche et chauve
Un chat-huant va lâcher l’échine du chameau
Non il s’agrippe encore hésite entre deux maux
Le ruminant blatère et le chat-huant se sauve

La folle du logis dont les bajoues sont mauves
D’avoir trop bu d’alcools avec un chalumeau
Craint des paparazzi l’abondance de mots
Malvenus et pervers sur ses secrets d’alcôve

Il faut lui procurer comme gardes du corps
Des animaux pour qui y a pas pitié qui tienne
Des chacals malveillants une harde de hyènes

Des taureaux furieux des putois sentant fort
Hélas c’est la rançon d’un défaut dans l’hygiène
Des serpents venimeux et des alligators.


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16 septembre 2008

A la cour impériale.

Que l’on serve ses croquettes
Au minet
Raffiné
Avec un bol d’eau clairette

Écoutons la symphonie
Et au trot
Maestro
Faites sonner l’harmonie

Et les conseillers auliques
Font la cour
(Sont là pour)
À l’animal domestique

On sent comme un agréable
Courant d’air
Le concert
N’en sera que plus aimable

Aux pieds de l’impératrice
C’est le vent
Fort souvent
Qui fait vibrer les vibrisses.

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11 septembre 2008

Monoclard pétomane

Mon oncle était atteint
De mononucléose
Et monocle portait
Avec ostentation

Il se levait matin
Et jetait sur les choses
L’Œil du sage tenté
Qui fuit la tentation

Quand mon oncle pétait
En mangeant sa pétoncle
Ou sa part de tarte tatin

En chœur on lui disait
Faut pas péter mon oncle
Ou alors Bis ! terme latin

Et lui sur ses doigts comptant
Mieux qu’oncques ne fit serpent
Et pas très souvent se
Trompant
Vous le devinez je pense

Disait mieux vaut être un abruti
Porté sur la flatulence
Nul ne pourra c’est pas votre avis ?
Me taxer d’incompétence.



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05 septembre 2008

Le hêtre et le lavoir

Près du lavoir municipal
Où vont laver les lavandières
On a vu Lecter (Hannibal)
S’abîmer dans une prière

Lasses de manier le battoir
Plus tard en étendant le linge
Les lavandières l’ont cru voir
S’éclipser malin comme un singe

Un corps est la proie des corbeaux
Sous le hêtre creux près l’église
Le corps d’un jouvenceau fort beau
Coeur arraché sous la chemise.

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02 septembre 2008

Coup de patte griffue

(aux sniffeurs de sauge)

Lorsque j’entends le mot culture
Je me saisis à ma ceinture
De mes pistolets à peinture

Et je projette sur le mur
Sans plus attendre le futur
Avec vigueur et d’un bras sûr

En respectant la courbe en cloche(*)
Un inénarrable arc-en-ciel
Ne croyez pas que c’est fastoche
Au jugé sans didacticiel

Le diable en fait une colique
Le diable en est fort mécontent
J’ai recouvert la diabolique
Silhouette qui a fait son temps

Le résultat est magnifique
Certains diront que c’est tout miel
Que c’est chef-d’œuvre d’art graphique
Et d’autres cracheront leur fiel

Vous pensez bien je n’en ai cure
Mais les blogueurs caractériels
Seront privés de confitures
Par décret griffolletstériel.



(*) Je sais, Tirui va chipoter, un véritable arc-en-ciel ne décrit pas une courbe de Gauss. Mais la rime a ses raisons.

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Encore une citation.

Je ne résiste pas à l’envie de citer ce poème malicieux de François Caradec, tiré de « L’année poétique 2008 », chez Seghers:


POÉSIE DANS LE MÉTRO

Le poète m’a dit: On n’en fait jamais trop
mes vers sont placardés sur le quai du métro.

Je lui ai répondu: Naïf de mirliton
ces vers harmonieux croyez-vous les lit-on ?

À quoi bon s’échiner sur quelques bouts rimés
ne forcez pas votre nature
Le train ne peut partir que les portes fermées
ne gênez pas leur fermeture.

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