29 mars 2007

Alphonse et la fanfare ( III, suite et fin).

III


A force de chercher on trouve une officine ouverte
De loin reconnaissable à sa lumineuse croix verte

Le pharmacien le prie invoquant Sainte Madeleine
De ne pas se risquer dans ses précieuses porcelaines

Ecoute Alphonse
On te défend
Cette défonce
D'éléphant

Le proboscidien prend des gouttes et du sirop
Et s'enduit le gosier d'une pommade pectorale
Puis il s'offre en dessert un excellent suppo-
Zitoire administré comme il se doit par voie rectale

Le mieux s'ensuit sans plus tarder son oeil gaullien s'allume
Il s'éclaircit la voix c'en est fini du rhume

Et maintenant ne voit-on pas
Un éléphant guéri qui marche à petits pas
Lançant aux alentours un barrissement tendre
Fort heureux à entendre

Et le pauvre poète
A tout soudain la tête
En fleur
Le coeur
En fête

Remarquez bien dit-il le mot barrir
Trouve à tout coup la rime avec ravir.
(Fin)

28 mars 2007

Alphonse et la fanfare (II)

II

Pour lors c'est le véto qui apparaît à sa fenêtre
Surtout ne montez pas trop gros oiseau vous trouvez être

Jamais vous ne pourriez par l'escalier passer
Et dans notre ascenseur vous resteriez coincé

Quoique plus coutumier des chiens et des minets
C'est moi qui vais descendre et vous examiner
Sitôt dit sitôt fait dans la rue il l'ausculte
Il le chatouille un peu et risette en résulte

Dans bien des cas ana-
Logues ou similaires
J'obtins au fil des ans d'excellents résultats
Par conséquent il ne faut pas
Cher ami vous en faire

J'ai vu plus gros bobos
Mon pronostic reste optimiste
Vous prendrez du repos
Et tout ce que je viens de calligraphier sur la liste

L'aimable praticien lui donne une ordonnance
Prend sa carte vitale et pompe la finance
Tout le monde s'en va respectant la cadence
Dans la joyeuse humeur et dans l'effervescence

Beaucoup d'enfants
En patins à roulettes
Quelques agents
Roulant de leurs sifflettes
Un joueur de pingpong bran-
Dissant ses raquettes
Des grands-parents
En lunettes
De soleil et casquettes

Un fou prêcheur leur dit les pressant à la prière
Allez repentez-vous c'est la fin des haricots
Vous suivez-moi dit l'écuyère en lui do-
Nnant au guide-chant le do
Et l'animal y va avec le do de l'écuyère

( à suivre)

27 mars 2007

Alphonse et la fanfare (I)

(poème bruyant pour saluer l'approche du printemps)

I

Eléphant par un rhu-
Me mauvais rendu
Tout à fait aphone
Alphonse demeurait coi devant l'interphone
Du médecin
Vétérinaire
Qu'il venait consulter
Dans le dessein
De se faire
Ausculter

Tout ça ne tourne pas bien rond
Les rimes ne sont pas en fonds
Le nombre de pieds fait des galipettes
Les critiques vous le diront
Et le pauvre poète
N'en finit pas chagrin
De se prendre à deux mains
La tête

Vint à passer par ces parages-ci
La fanfare municipale
Dont le joueur de trombone à la face si pâle
Et dont la grosse caisse et la trompette aussi
Et Claude à la guitare et Maxime à la cornemuse
Mais poursuivons sans lambiner allez allez me dit la muse

Keskivapa mon vieux s'enquièrent les tambourinx
Par geste l'éléphant leur désigne son larynx
Dont la défaillance
Le fait pester en silence
Et piaffer d'impatience

Aussitôt un grand fracas
Est fourni par la musique
C'est un barouf à tracas-
Ser un flegme britannique

Plus fort qu'un brouhahaditilao portugais
Qui brise le silence On en est vite fatigué

Et le pauvre poète
Dit chagrin cessez donc vous me carabossez la tête
( à suivre)

23 mars 2007

Provisions.

Emporter ma bourse
La liste de courses
Bien couvert pour affronter le temps
Marcher jusque chez les commerçants


A nous les délices
Du chocolat noir
Des petits boudoirs
Avec un paquet de pain d'épices
De quoi grignoter jusques au soir


Du sel de cuisine
Encre pour machine
Prévoyons l'achat
D'un peu de jambon pour la voisine
Et de bouts d'abats pour ses deux chats


Faire emplette encore
D'un peu de bon vin
Du tilleul enfin
C'est pour bien dormir avant l'aurore
Ne pas m'éveiller jusqu'au matin.

20 mars 2007

Fauchage rue Chaude.

(trilogie pour finir l'hiver, III)

La Mort s'en est venue tout exprès pour me voir
Je n'étais pas chez moi je faisais le trottoir

Elle a joué bien volontiers avec ma nièce
Sans mettre le bazar à travers le deux-pièces

Comme je m'obstinais à ne pas revenir
Elle a pris son parti bah je laisse courir

Bon je repasserai dit-elle à l'enfant sage
Céans elle a laissé son avis de passage

Repris sa faux dans l'antichambre allez bonsoir
Apprends bien tes leçons Déjà il faisait noir

Il fait encor plus sombre et ma nièce est couchée
Dessus mon testament Je vais être fauchée

Tantôt Mort viens lever ici ta faux et tchac
Prends pitié d'une pute amochée par son mac.

19 mars 2007

Fantaisie macabre

(trilogie sombre pour finir l'hiver, II)

Le marchand de sable
Avec son grand manteau noir
A fouetté les tables
Détruit les lustres du soir

Chapelle secrète
Ton beau vitrail est cassé
Et jusqu'à perpète
Ton portail cadenassé

La fumée des cierges
Soufflés par les courants d'air
Fait tousser la vierge
L'enfant jésus dieu le pair

La sotte colombe
En fil à plomb triste sort
Tombe et sur ma tombe
Un chien galeux hurle à mort.

18 mars 2007

Plaisirs du diable

(trilogie sombre pour finir l'hiver, I)

D'un pet j'attise le feu
Et d'un jet de pisse acide
Je ramollis l'os qui re-
Posait dans l'écuelle vide

Le vent souffle souffle vent
La pluie pleure pleure pluie
Par le conduit plein de suie
Je reviendrai plus souvent

Rapproché de la marmite
Où bout l'âme du pendu
Diaboliquement j'agite
Mon infernal attribut

Soufre gicle et je me pâme
Et clos ma braguette infâme
Puis devant un bol de lait
Je regarde la télé.

15 mars 2007

Séparation

(vers de circonstance)

Le "petit tiers de nanitude"
Et l'entière "férocitude"
Emportées dans la voiture impér-
Issablement lustrée des mains de Brisefer(*)
S'en sont retournées z'à leurs z'habitudes
Et chères z'études

Et là l'on reste désolé
Esseulé
Comme
Veau seulet
Buvant son lait
Meuh meuh (**) et l'on somme
Le pauvre Griffollet inestimable auteur
Insigne versificateur
De torcher sur le champ des vers consolateurs.

* voir chez Bellzouzou
** merci à Marcel Aymé