30 novembre 2006

La paix des champs.

(dédié à Dame Laflote, experte en pétaison)

Jadis dans mon village une vache émettait
D'horripilantes flatulences
Qu'avec entêtement la bête répétait
En dépit de nos remontrances

Les villageois fort irrités
Des signaux non sollicités
Sombraient dans la désespérance
Le bruit et l’odeur c’est de la démence
Printemps automne hiver été
Pour ce genre de saleté
Il n’y a point d’accoutumance

Or un jour qu’à son pré elle allait pour brouter
Non sans avoir d’abord longuement écouté
Ses propres pets avec beaucoup de complaisance
Son pas précipité
Fut tout net arrêté

Le garde-champêtre
Serviteur de la loi
Investi par les villageois
De la mission de mettre
Un coup d’arrêt à leur mal-être
Fit se ranger sur le côté
Le ruminant fort dépité

Guy Puckipett (*) car c’était
Le nom de l’assermenté
Lui dit alors permettez
Maintenant pour vous commence
La transhumance
Il vous est interdit
De rester par ici
Pour vous emplir la panse

Par municipal arrêté
Pris dans l’intérêt du village
Au dedans de nos pâturages
Vous n’avez plus droit de cité
Il vous faut voir ailleurs si l’herbe y est plus tendre

Moralité
L’on ne saurait en vérité
Prétendre
Paître et avoir pété.

(*) Le gard’-champèt’/ Guy Puckipett,/ C’est mieux que Zéro Zéro Sept,/ Dans son emploi municipal/ A permis de procès-verbal/ Sur tout l’territoir’ communal).

28 novembre 2006

Avec les ânes philosophes.

(vers libres et moqueurs)


Vous autres de paître
Et je vois si tendre l’herbe verte
La pluie et le beau temps l’ont ainsi faite
Pour vous autres aliborons

Vous autres de braire
Et me voici tendre les oreilles
J’entends là-bas répondre vos confrères
De l’autre côté du vallon

Vous autres de porter fardeaux
Et moi de faire le gros dos
D’un pas égal vous arpentez la pente
Je pense à vous dans mes ronrons

Vous autres de brouter chardons
Plantes des sorts jetés bouillonnent en chaudron
J’étire ma langueur dans les rhododendrons
Attendant le verdict de mon vétérinaire
Ne vous inquiétez pas les résultats sont bons

Vous de persévérer toujours dans l’être
Moi de m’étendre un jour avec mes vers

Quand prose et vie sont obsolètes
Nous autres poètes
Arrivons par l’amour à l’immoralité
Pour aller par la mort à l’immortalité
Il vous suffit d’ajouter
Là où il le faut des thés

Avec un nuageux délai
Pour arranger les choses
Et que la fin du temps qui court allez allez
Ne soit pas trop morose.

25 novembre 2006

Goûts et couleurs au concours de poésie.

Tranches de rhinocéros avec des oranges
Aussi du chou blanc du chou rouge et du chou vert
Prends-les en photo sur la table de dessert
Réjouis-toi de les voir après tu les manges

Le maître d’hôtel te présente
Un buisson
De langoustines transparentes
La couleur des flamants leur vient à la cuisson

Désires-tu c’est plus brutal
Quelque morceau pris sur l’étal
D’une boucherie anthropophagique
Halte-là dis-tu sur le chemin du repas
Obstacle moral et philosophique
Moral et philosophique il se peut mais certes pas
Gustatif ou gastronomique
Quelqu’un veut-il s’offrir un steack d’humain tendre et saignant
Pour moi sache-le bien je n’y vois pas d’inconvénient Aignan

Il s’en déguste Auguste à chaque fois que l’escalope
Est servie au banquet tiens je vois là une enveloppe
Qui porte sur son coin un rectangle dentelé
Peu de jours auparavant les postiers l’oblitérèrent
On voit sur la vignette un coq très coloré
Sur leur coq au vin les gens du jury littéraire
Sont très affairés sont à leur affaire

Viridité des cornichons dans leur bocal
Empli de vinaigre local
Et le soleil enfin fait luire
La tarte aux pruneaux qui sort de cuire

Des petits gâteaux au miel
Dehors très bel arc-en-ciel
Encor plein d’autres délices
Dehors un feu d’artifice

Aux murs accrochés
Les panneaux de peinture
On les mangerait
Et parbleu qu’elle est belle oh là là Lola la confiture

Le vin luit dans sa carafe
Et voici l’heure du café
Le président haut en couleurs va parapher
Oui notre président haut en couleurs paraphe
Il a paraphé c’est parfait
Le communiqué coquet
Sans aucun défaut d’orthographe
Qui clôt le banquet
Mais le voilà pris de hoquet

A titre de moralité
Le plaisir des pupilles
Et la joie des papilles
Vont de pair mais pour le pâté
De caméléon Léon à la vinaigrette
Que l’on m’avait tant vanté
Je n’en ai pas vu la couleur et le regrette.

12 novembre 2006

Régime.

Votre abdomen est trop gros
Dit le médecin des bêtes
Il ne faut point manger trop

Cela donne le diabète
Faut vous mettre à la diète

Evitez les glucides
C'est par trop sucreux
Limitez les lipides
C'est par trop graisseux


Et doucement sur les protéines enfin
Car cela fatigue les reins

Restent l'eau fraîche et l'amour
Oh là là pauvre minette
Restent l'eau fraîche et l'amour
Enfin essayez toujours

L'amour dans les vers des poètes
Je le trouve et l'eau fraîche il faudra m'en verser
En un bol disposé pour cela tout exprès
Auprès de la soucoupe assignée aux croquettes.

06 novembre 2006

Le chien qui passe.

Lundi matin
J'ai vu passer le chien
Assis bien droit dessus sa bicyclette
Lundi matin
J'ai vu passer le chien
Qui pédalait les pattes près du frein
.
Mardi matin
J'ai vu passer le chien
Qui plastronnait dedans sa voiturette
Mardi matin
J'ai vu passer le chien
Se demandant si l'on l'admirait bien
.
Mercredi soir
Je l'ai vu se mouvoir
J'ai vu le chien poussant une poussette
Mercredi soir
Je l'ai vu se mouvoir
Qui promenait sa portée de chiots noirs
.
Jeudi matin
J'ai vu passer le chien
Dans un avion au ras des pâquerettes
Jeudi matin
J'ai vu passer le chien
Son parachute attaché sur les reins
.
Vendredi soir
Je pus encor le voir
Qui progressait en patins à roulettes
Vendredi soir
Je pus encor le voir
Fier comme un pou passant sur le trottoir
.
Samedi c'est
Le matin du marché
Il est resté cloîtré dans sa courette
Samedi c'est
Le matin du marché
J'ai vu le chien qui restait attaché
.
Dimanche enfin
J'ai dit adieu au chien
Il chevauchait la queue d'une comète
Dimanche enfin
J'ai dit adieu au chien
Il aboyait en s'en allant fort loin.